Histoire
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Découvrez l’histoire étonnante du château de Champs-sur-Marne et de son parc de 85 hectares.
Le 1er septembre 1715 , le roi Louis XIV meurt. Et presque aussitôt Paul Poisson de Bourvallais, accusé de malversations financières, fait un séjour à la Bastille. Pour éviter le pire, c’est-à-dire la mort, le financier va faire une proposition au Régent, tuteur du jeune roi Louis XV !
En échange de sa liberté, il cède à l’État son domaine de Champs, composé de près de 2000 hectares de terre (superficie supérieure au Paris de 1700 !) et un hôtel particulier qu’il possède à Paris (si splendide et bien placé qu’il devint dès 1718 la résidence du chancelier de la couronne, actuel garde des Sceaux, et qu’il l’est resté depuis puisqu’il s’agit de l’actuel ministère de la justice, place Vendôme !).
En novembre 1718, la princesse de Conti, fille illégitime de Louis XIV et de Mademoiselle de la Vallière fait l’acquisition du domaine de Champs. La princesse veuve et sans enfant reporte toute son affection sur son cousin maternel, Charles François de la Baume Le Blanc dont elle fait son héritier.
De 1739 à 1763, le château est occupé par le duc Louis César de la Vallière fils ainé de Charles François. Louis César, proche de Louis XV, est aussi un intime de la marquise de Pompadour, maîtresse en titre.
De juillet 1757 à janvier 1759, il loue à cette dernière son domaine de Champs où le roi Louis XV vient lui rendre visite.
Le duc de la Vallière, grand bibliophile, entretient des cercles d’artistes et de lettrés. Il adhère aux Lumières, courant philosophique de la France du XVIIIe siècle. C’est ainsi que Champs accueillera à plusieurs reprises Voltaire et son amie Madame du Châtelet.
Voltaire apprécie infiniment cette résidence de campagne et se désole dès que sa santé ne lui permet pas d’y séjourner :
Et comme nous le comprenons ! Le château de Champs présente le modèle par excellence de la maison de plaisance du XVIIIe siècle accueillante et entourée de jardins.
Par son plan, sa rotonde sur le jardin et une distribution intérieure novatrice, Champs devient l’exemple remarquable de la perfection de l’architecture française et de l’évolution de la société vers plus de confort.
De cette période, le château conserve de merveilleux décors rocaille, en particulier un décor de chinoiseries peint par Christophe Huet dans le salon chinois et le salon en camaïeu.
Mais l’entretien de tous ses domaines, son goût dispendieux pour les livres mais aussi pour la vie facile et libertine va progressivement ruiner Louis César ! Criblé de dettes, Le duc de la Vallière vend en août 1763 son domaine à Gabriel Michel de Tharon, directeur de la Compagnie des Indes Orientales. C’est sa fille la marquise de Marbeuf qui aborde la période tourmentée de la Révolution française. Si elle est attentive au bien-être de tout son personnel et des habitants de son domaine, cela ne suffit pas. Elle y perd la vie en 1793.
Le château récupéré par l’État révolutionnaire est vidé de tout son mobilier.
En 1800, au début de l’Empire, le duc de Lévis, neveu de la marquise de Marbeuf, est rétabli dans ses droits de citoyen français. Rayé de la liste des émigrés, il retrouve l’usage des châteaux familiaux de Champs et de Noisiel. Tout au long de l’empire il reste un citoyen discret et secrètement royaliste.
En mars 1816, Louis XVIII le fait entrer à l’Académie française où il devient alors un immortel !
De 1831 à 1895, le château de Champs se fait « bourgeois ». Faute d’entretien régulier la demeure perd beaucoup de sa superbe tout au long de ce XIXe siècle. Il faut cependant reconnaître que l’occupation des nouveaux propriétaires, Jacques-Maurice Grosjean, de 1831 à 1858, carrossier de voitures de luxe et d’Ernest Santerre, agent de change et de son fils Sébastien de 1858 à 1895, va préserver le château de Champs-sur-Marne d’une destruction quasi certaine.
Passionnés d’art du XVIIIe siècle, Louis et Louise Cahen d’Anvers acquièrent le 5 août 1895 le domaine de 600 hectares : outre le château dont l'étage des combles a été détruit au XIXe siècle, on y trouve aussi deux fermes, des terres agricoles, un bois, un parc d’une centaine d’hectares à l’abandon... En bref, il y a des travaux à envisager !
Et c’est le retour des banquiers à Champs ! Louis Cahen d’Anvers est le fils de Meyer Joseph fondateur de la banque Paris-Bas. Sa fortune est considérable et permet au couple une restauration profonde du château et du parc.
Côté château, Walter Destailleur, architecte, en assure sa restauration. Sur les plans du XVIIIe siècle, il fait reconstruire l’étage des combles et restaure dans le plus grand respect des arts du XVIIIe siècle toutes les pièces du château. Mais Louis et Louise ne se privent pas d’y apporter modernité et confort :
Les pièces de mobilier du XVIIIe siècle réunies par la famille Cahen d’Anvers complètent et meublent aujourd’hui encore le château. Elles sont signées par les plus grands noms de l’ébénisterie du siècle des Lumières. Vous avez aujourd’hui la chance d’admirer cet ensemble légué à l’Etat en 1935 par son dernier propriétaire, Charles Cahen d’Anvers.
Côté parc, celui-ci est transformé pour suivre la mode du jardin mixte. Connaissez-vous ce principe qui façonne tous les parc d'Europe à la fin du XIXe siècle ?
Au parc du château de Champs-sur-Marne, Henri et Achille Duchêne créent la nouveauté en conservant une partie du jardin régulier à la française avec ses broderies et ses perspectives. Tout autour, le parc s’échappe en jardin « naturel » ou jardin à l’anglaise.
De 1959 et jusqu’en 1974, le château est la résidence des chefs d’États étrangers en visite officielle en France. C’est dans cette circonstance qu’il accueille, autour des années 60, un grand nombre de chefs d’États africains, parmi lesquels Léopold Sédar Senghor, Président du Sénégal, Félix Houphouët-Boigny, Président de la Côte d’Ivoire, ou encore le roi Hassan II du Maroc... Ceux-ci sont tous reçus en France par le Général de Gaulle.
Depuis 1974 le château vous est définitivement ouvert, chers visiteurs !
Préparez votre visite sans plus attendre !